Résidences america
2010 - James NOËL
Le Sang visible du vitrier
Vents d’ailleurs / www.ventsdailleurs.com
Février 2009
Poète-vitrier, né à Hinche (Haïti) en 1978, James Noël est considéré aujourd’hui comme une des jeunes voix majeures de la littérature haïtienne. Ses poèmes sont dits et mis en musique par des interprètes de renom. Un vent salé nous vient du large avec Le sang visible du vitrier de James Noël. Poésie toujours à double tranchant, violente et douce, âpre et sensible, poésie généreuse, soucieuse de partager le lot commun avec ses frères de peine, en gardant l’espoir d’un monde meilleur, sans cesse à construire et dont les mots du poète sont souvent les premières pierres.
James Noël vient aussi d’achever son premier album jeunesse, La fleur de Guernica, où l’on retrouve toute la pudeur de ses mots de miel dans une histoire d’amour comme sûrement nombre d’enfants ont vécu dans leur cœur.
« Le vitrier, celui qui fabrique et pose les vitres, a besoin d'engagement, d'embrasement et de clarté. Métier de la transparence, donc de gens de bonne volonté, aux mains propres, à la personnalité nette comme la couleur du sang ! Quel détour pour épingler une élite encrassée, répugnante... C'est que James Noël a l'art du contraste, et cultive sens et non-sens. » Le Nouvelliste
Les chroniques de James NOËL durant sa résidence
Chronique 1 - VF
Ladies and gentlemen, bonjour ! Je vous écris depuis la rue de la Jarry. La première fois que je découvrais le nom de cette rue, je fouillais ma tête de fond en comble pour trouver son origine.
Chronique 2 - VF
J’aurais aimé vous parler de vaudou et aussi de ma soirée chez Micheline, une bénévole des hautes sphères du festival America. J’aurais aimé vous parler de la
Chronique 3 - VF
Le jeune écrivain se doit pour tâche d’essayer ses mains dès le réveil. Essayer ses mains, les astiquer comme l’aurait fait un tireur d’élite. Le jeune doit apprendre à se servir de ses mains
Chronique 4 - VF
Je n’arriverai pas jusqu’au bout de la foule Pour te réinventer multiple Dans l’absolu d’une chambre noire Sachant que c’est toi Perdue dans un trou de mémoire, qui t’endormais en ta faillite
Chronique 1 - VF - Depuis ma fenêtre
Ladies and gentlemen, bonjour ! Je vous écris depuis la rue de la Jarry. La première fois que je découvrais le nom de cette rue, je fouillais ma tête de fond en comble pour trouver son origine. Je me suis mis à penser à Alfred Jarry, et encore plus loin (pour me perdre) à Emile Ajar / Emi La Jar, mais en vain, le double en moi ne m’a rien révélé sur cette rue. Une amie m’a envoyé au diable avec mes références plus que factices en littérature… « Ne vois-tu pas que c’est tout simplement la rue des Impôts ? » La brutalité avec laquelle elle m’a parlé m’a choqué, mais je me suis rendu vite à l’évidence que les impôts restent les impôts, il faut payer, en dehors de cette règle, tout le reste est littérature.
Je vous parle depuis ma fenêtre donnant sur la rue de la Jarry, pourtant je ne vais même pas payer les impôts. L’histoire, c’est que depuis le 1er Août de cette année, je suis ici à Vincennes en résidence d’écriture, jusqu’au 31 décembre. Cinq mois d’écriture, de poèmes pleins les poches et surtout de ballades les mains libres. Je fais vœu d’écriture et d’escapades. Ce qui revient au même. Déjà au bout d’un mois, et bientôt deux passés ici, j’ai pas mal marché, ai bu des coups dans les bars, d’où je suis sorti parfois « la tête à l’ envers », lucide à peine, avec les yeux peuplés de lucioles d’artifices.
Je fais le plein de gratuités grandioses, maintenant place à l’écriture. Je me propose d’écrire un roman dans le cadre de cette résidence. Tout roman est avant tout un moment, ou juxtaposition de plusieurs moments ayant reçu leur baptême d’encre sur la page, afin que l’écrivain puisse fixer sa mesurable éternité. Longtemps je me suis dit, si je ne balance pas ma vie dans la fiction que c’est l’affliction qui aura ma peau. C’est une douleur à marée haute qui prolongera mon gosier jusqu’à l’étouffement.
Par le passé, j’ai déjà eu, le temps d’un éclair, une aventure, je dirais même, un flirt avec Vincennes. Un souvenir lumineux. C’était dans le cadre d’une séance d’atelier d’écriture. J’avais foulé pour la première fois la ville en 2007 au cours d’une intervention au collège Saint-Exupéry. Là, j’ai eu droit au plus beau des compliments, exigeant de moi tout de même un petit effort de longévité pour mieux apprécier son pesant d’or. À la fin de la séance d’atelier, un élève en préadolescence m’a coupé en pleine formulation d’adieux, et m’a dit en me regardant droit dans les yeux : « -Monsieur, je vous trouve très sympathique !», « -merci, puis-je savoir pourquoi », l’ai-je interrogé, perplexe. Là, il m’a donné le coup de grâce : « Vous êtes le premier poète à se présenter sans calvitie ! »
Avant moi à Vincennes, comme vous le savez, il y a eu tour à tour deux autres écrivains en résidence, Eddy Harris et Charles D’Ambrosio. Je les considère comme mes ancêtres en terre vincennoise. Je pense beaucoup mes prédécesseurs Eddy et Charles. À chaque fois que je vais m’acheter des légumes, ou me fournir en côtes de porc, cuisses de poulet et compagnie, chez le boucher du coin, je pense à eux. Quand je touche un livre, ouvre la pochette d’un disque à la médiathèque dans l’espace « Cœur de ville », mes ancêtres s’invitent toujours dans mes pensées. C’est étrange non, ils viennent vers moi, je les vois avancer bras dessus bras dessous. Ils arrivent souvent quand je dois m’occuper des questions de bouffe et autres nourritures terrestres. Dans un sens, il me semble normal qu’un haïtien ayant reçu un séisme sur la gueule en plein janvier, pense à sa bouffe jusqu'à Vincennes. Dans le monde d’ailleurs, l’activité normale d’une bouche consiste à attendre avec gourmandise soit un baiser soit une bouffe. Les deux réunis ensemble sont l’apanage d’une catégorie désignée sous l’épithète de gens heureux. La jungle tranquille.
Je dois dire aussi que je n’avais pas deux jours dans la ville que l’épicier du coin m'a identifié comme l’écrivain invité, je lui ai demandé comment il a fait pour me repérer ? Il m’a juste répondu que les deux autres résidents qui m’ont précédé étaient ses clients. Ce qui rend l’énigme encore plus grande. Je conclus alors que les écrivains doivent exhaler une odeur particulière, à laquelle sont sensibles seuls les femmes et les épiciers.
J’ai évoqué plus haut le mot séisme. Difficile de penser à cet univers de bruit et de fureur qui régnait le douze janvier en Haïti, sans que mon corps n’en ressente des tremblements, presque de même magnitude et de même misère que ces trente-cinq secondes, complices du grave déploiement de l’accordéon de la mort. Jusqu’à Vincennes, mon corps garde encore des traces de poussières du tremblement de terre, je ne viens pas ici pour me les faire épousseter. Peut-être suis-je là pour mieux les épouser ? En sachant que ces grains de poussière sont entrés par effraction dans mes pores. Profondément. À la manière d’une bombe à fragmentations. À force de s’infiltrer en moi, mon corps est devenu un petit séisme en soi, avec un capital, une économie de tremblements que je garderai, contre mon gré, jusqu'à la fin des temps.
J’ouvre maintenant ma fenêtre s’ouvrant sur la rue de la Jarry, pour laisser entrer le vent de l’imaginaire sans besoin pour cela d’aller rendre des comptes à l’hôtel des impôts, situé à quelques mètres de ma table d’écriture. Tiens, ces mots constituent mes premiers pas dans le cadre du festival. God bless America !
Chronique 2 - VF - Comment devient-on poète pour mieux gagner sa vie ?
J’aurais aimé vous parler de vaudou et aussi de ma soirée chez Micheline, une bénévole des hautes sphères du festival America. J’aurais aimé vous parler de la Négritude, un mouvement littéraire et politique créé après la Deuxième Guerre mondiale par les intellectuels noirs Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Léon Gontran Damas, Birago Diop, René Depestre pour ne citer que les plus connus. La Négritude, une Pensée en mouvement, avec des branches, des ramifications multiples, type césairien, senghorien, damassien. J’aurais aimé vous parler de tout cela, quand soudain est survenue une question qui a chamboulé tous mes plans, rendant ma chronique caduque. Anachronique, presque.
Enfin, ce n’était pas une question, plutôt quelque chose de l’ordre de la confidence. Dans le cadre du festival America, j’ai eu l’occasion d’animer entre autres choses un atelier d’écriture poétique pendant deux heures. À la fin de l’atelier, un participant a voulu me causer en aparté. Sa situation était des plus préoccupantes. Il voulait changer de métier. Rien n’est plus préoccupant que de vouloir changer de métier. Mais, dans ce cas précis, l’intéressé savait ce qu’il voulait faire, mais la finalité de ses motivations me paraissait suspecte. « Je compte abandonner mon métier, m’a-t-il dit, pour pouvoir gagner ma vie en écrivant de la poésie. » Il m’a demandé mon avis en précisant que j’ai de l’expérience en tant qu’auteur et que mon conseil pourrait l’aider.
Comment répondre à une question si délicate sans décevoir ? C’est une question qui fait appel à mon éthique et moi je voulais lui parler d’esthétique… À l’expression « gagner sa vie », j’avoue ne pas savoir trop quoi répondre. Personnellement, je ne gagne pas du tout « ma vie » en écrivant de la poésie. L’ironie du sort, en parlant de la vie, c’est que je n’arrive toujours pas à la perdre. C’est au moins quelque chose de gagné, ou plutôt de pas complètement perdu. Comment gagner sa vie en écrivant de la poésie ? J’ai répondu à X que la poésie peut être tout dans une vie, mais qu’elle ne permet pas de faire bouillir la marmite. Si la poésie s’opère en soi par combustion, le reste importe peu. Moi, je pense que ce n’est pas grave de griller sa vie pour sauver sa peau de poète. J’ai pris l’exemple de Rutebeuf, de Carl Brouard (poète haïtien), de Rimbaud, d’Artaud et bien d’autres suicidés de la société qui ont construit une oeuvre inoxydable dans la crasse. La liste est longue. Mais, je me suis rendu compte que j’ai parlé, peut être trop vite. X serait-il un révolutionnaire qui va tourner une fois pour toutes la page d’infortune de tous les poètes maudits ? À tort peut-être, je n’ai pas su prêter plus d’attention aux préoccupations de X pour bien cerner, mieux discerner la formule magique. Il doit avoir un peu de raison et de bon sens pour voir d’emblée briller sa vie plus loin que l’horizon. Qui a dit qu’un poète doit mourir pauvre ? J’ai raté ma chance en laissant partir mon interlocuteur sans lui accorder plus de temps pour conjuguer ses peurs et ses envies de poète qui voudrait avancer vers les filles, les poches pleines de poèmes et de fric.
Comment peut-on gagner sa vie en écrivant de la poésie ? Je suis assis très inquiet sur la place, derrière la mairie. Les fantasmes et les préoccupations de X me travaillaient comme un ténia. Sur la place, je voyais passer des enfants suivis d’un couple d’adultes s’accordant à l’unisson pour conduire une poussette. Qu’est-ce qu’il y a d’enfants à Vincennes et parmi eux combien de comptables, de médecins, d’ingénieurs, d’interprètes, de libraires, d’architectes, de policiers, de gangsters ou de poètes futurs ?
Plus loin sur la place, je voyais passer une jeune femme sur de longues jambes, elle tenait d’une main un épagneul en laisse, et dans l’autre main, un livre en très mauvais état, Les Fleurs du mal. La jeune femme portait des lunettes noires, son épagneul la devançait de quelques mètres et elle tirait affectueusement la laisse pour rappeler l’animal à l’ordre. La jeune femme n’était pas belle pour un sou, mais elle avait du chien, avec son Baudelaire tout froissé dans sa main gauche. Il y avait une telle gratuité chez cette femme et l’animal qui tournait autour d’elle, qu’ils étaient tous les deux comme dans un film muet réveillant chez le téléspectateur tous les silences demeurés enfouis depuis longtemps. Entre les deux, tout un pont de douceur. Une romance sans parole. Cette image volatile, saisie en un instant, a parfumé toute mon âme de poésie. Je quittais la place d’un bond pour écrire à X et lui dire que, peu importe où il se trouve, je suis devenu en un instant dans le sillage de ces deux complices unis dans leur bulle qui se dilue au loin dans l’air, le poète éphémère le plus riche du xxie siècle.
Chronique 3 - VF - Hygiène du jeune auteur
Le jeune écrivain se doit pour tâche d’essayer ses mains dès le réveil. Essayer ses mains, les astiquer comme l’aurait fait un tireur d’élite. Le jeune doit apprendre à se servir de ses mains, à exécuter des travaux manuels, comme apprendre à clouer un clou, à délivrer des perruches d’une cage, à faire descendre sans douleur le Christ de sa croix. Si le jeune atteint un peu la maturité précoce, il se doit de maîtriser sans cabotinage l’art de se pendre. Une forme d’humilité qui consiste à évoquer le suicide, la perte de soi avant chaque fin de phrase, histoire d’apaiser certains aînés qui souffrent souvent de la maladie incurable, textuellement transmissible, de l’insécurité littéraire. Si le petit jeune feint la mort dans chaque mot, il deviendra par maladresse un suspect et sera coupable de naïveté et du coup passible de la justice terrible de l’espace carnivore de la littérature. Une mort cousue de fil blanc se paie très cher, mais une pendaison, lente ou subite dans l’embrasure d’un livre, foudroie et désarme à coup sûr vos aînés qui trouveront sincères votre promesse de les devancer dans la mort. Cette panacée est efficace pour calmer leurs nerfs, éviter la passion, la haine déchaînée d’une catégorie dangereuse de dinosaures. Le jeune auteur gagnera en sympathie, et en compassion chez les chauves, tout ce qu’il a perdu en stratégie, en sagesse, en bile et en boyaux.
Dernier conseil. L’écrivain doit connaître les cycles, les calendriers et les lois des pôles. Il doit aimer la nature. Aimer la terre, quitte à la contrarier dans ses mouvements. Il doit aussi apprendre à faire le tour du visage d’une femme en vingtquatre heures. Contre l’usure et la rouille auxquelles s’expose le geste d’écrire, le jeune doit encore essayer, essayer ses mains dans l’arrondi des seins, c’est très efficace pour rendre la paume tendre. Les seins, aussi dangereuses que soient les filles, ont toujours été considérés comme une mine d’infinis vertiges, une tornade de souplesses.
Essayer ses mains, telle doit être la morale de tout écrivain qui veut demeurer jeune.
Extrait de Kana Sutra, inédit
Une autre adresse
Je ne reçois plus de visite
Je suis le féru des jours fériés
Et je travaille dur la nuit
Pour cueillir des paillettes de sueur
Sur le soleil pensif de son front
La nuit elle ne sait pas dormir
Ses yeux s’ouvrent dans l’urgence
De me voir tout entier
Mes amis je vous raconte
Ma fée en sa version intégrale
Elle m’aime
Je ne reçois plus de visite
J’ai commis pour elle
Assez de crimes passionnels
J’ai installé autour de nous
Des pendaisons de flanelles
Pour égorger l’imprudence
De quelques intimes emmerdeurs
Mes pires amis
Demeurent ceux qui frappent à la porte
Quand je fais l’amour
Après coup
Tango a tangué dans la blessure de tes bras
Laissant le sang de ma colère couler jusqu’au trépas
Qui me ramènera vers tes bras
Tango a tangué
Laissant le sang de ma colère
Qui me ramènera vers tes bras encore
Et je me réveille après coup
C’est bien à pied que je continuerai
ma lente mort
Les participants : James Noël (animateur), Maïlys Cailleux (assistante), Matthias Vincenot (poète invité), Pascale Sablonnières, Chantal Belleteix, Yara El-Ghadban, Sylvie Giraud, Frédérique Foulatier, Sabine Vaillant, Elena Paz, Caroline Dojlicki, Genevieve Esmenard, Cédric Poitou Lamarcelle, Gwendoline Moret, Léna Quillier, Danielle Boulaire, Martine Degrémont.
Chronique 4 - VF - TU NE TE LÈVES PAS DU MÊME PIED TOUS LES JOURS
Je n’arriverai pas jusqu’au bout de la foule
Pour te réinventer multiple
Dans l’absolu d’une chambre noire
Sachant que c’est toi
Perdue dans un trou de mémoire, qui t’endormais en ta faillite
Encore toi-même qui oubliais ton arrogante beauté de veille
Un rêve peut-être
Un rêve mauvais s’est posé sur ta tête
Et t’a enlevé plus que de raison un tiers de ta saison
Un été entier de tout ton être qui sait retenir notre lit tiède
Jusqu’au solstice
Un rêve plongé à pic
Comme un oiseau noir qui boit de l’arbre
La verticale sève qui la fonde
Et toute la bonne augure des feuilles vertes.
Quand donc Gisemonde
T’endormiras-tu pour te retrouver ?
Corbeau matinal
Perché sur l’arbre de ta connaissance
L’arbre de ton bien
Et de ton mal
J’existe dans l’éparpillement
De l’unité de tes contraires
Des quatre vents de tes cheveux
Et de la verte raison jaillissant au tronc de la mémoire
Y a-t-il des mots d’amour
Des lèvres qui vaillent à des distances inégales
Qui ne s’étanchent pas
Qui ne se mouillent pas
Sans mot dire dans le baiser
Si la rue en sa quête de grains
Envoie ses oiseaux s’enquérir sur tes seins
Fais donc appel au grand vent
Pour mettre en mouvement la poussière
Qui dessinera ton jupon au passage
Jurant son vol plané sur le temps suspendu de l’attente
Et ta salive mon eau de bouche
Quelle embouchure
Mienne autrement
A bu ta vie comme un champagne
Mais qu’importe l’arbre
Si le fruit des baisers tombent d’eux -mêmes des lèvres mûres
J’ai dormi avec toi
Je me vois me lever chez l’étrangère
Iras-tu renaître ailleurs
Pour m’inventer ici et la
Soit en transit soit en visite touristique sur ton corps
Il te laisse à t’avouer coupable au pied du lit
À changer entre deux eaux de larmes et d’imposture
Tu ne te lèves pas du même pied tous les jours
Si je t’aimais en peu de mots
C’est que bègues s’ouvrent mes lèvres
Au rendez-vous d’un baiser manqué
Et que les mots en sortent
Évidés dans un tremblement vide de papiers
En quête d’un strict nécessaire
D’une juste larme en ta gorge
Devrait-on se morfondre et se briser dans un miroir
Pour voir nos corps réédités
En des pauses exemplaires
Photogéniques par milliers
Il te reste à te savoir autre que tu es
Tu auras gagné ma sympathique pitié diurne
À passer pour une femme, qui vidée maintenant
de sa substance de belle
Gagne à tourner pour toujours les talons aux vieux mensonges
La vérité n’est pas l’auberge de la Joconde
Un coeur soumis sur une ligne brisée
L’univers mis en tiroir dans une étoile
Tu dois te savoir autre que tu es
T’affirmer en connaissance de cause et de miroirs
Je me réchaufferai de ta lueur
D’étoile éteinte qui scintille
En me cillant les yeux
Comme la diva qui ne voit pas le temps passer
Avec son lot d’amants d’une heure
Jusqu’au bout de la foule
Je n’arriverai pas
N’arriverai pas
Tu ne te lèves pas du même pied tous les jours